L'intérêt croissant pour le sport féminin ne s'est pas encore traduit par une couverture médiatique et des investissements financiers équivalents à ceux des sports masculins. Mais les Jeux olympiques d'été de cette année sont l'occasion de montrer aux marques et aux détenteurs de droits à quel point l'intérêt des fans pour les sports féminins est grand dans le monde entier. Nous savons que les Jeux olympiques sont le plus grand événement sportif du monde, mais c'est aussi un événement où le fandom est presque égal entre les hommes et les femmes.
En plus d' égaliser les chances des athlètes en compétition, les Jeux olympiques peuvent se targuer d'avoir la plus grande audience de tous les événements sportifs, puisque 47 % des habitants de 13 des plus grandes économies du monde ont manifesté leur intérêt pour eux. À titre de comparaison, la NBA, l'une des ligues sportives les plus connues au monde, arrive loin derrière, ne recueillant que 33 % d'intérêt de la part des habitants de ces mêmes 13 pays.
L'intérêt global mis à part, les Jeux olympiques ont suscité un intérêt qu'aucun autre événement sportif n'a réussi à susciter : un intérêt considérable de la part des femmes. Et pendant cette période de deux semaines, cet intérêt dépasse presque celui des hommes, puisque 45 % des femmes se disent intéressées par les jeux, juste derrière 48 % des hommes. De plus, l'intérêt des femmes pour les Jeux olympiques est supérieur de 12 points de pourcentage à l'intérêt global pour la NBA. Et dans certains pays, l'intérêt des femmes est encore plus élevé.
Du point de vue des opportunités commerciales, les Jeux olympiques sont certainement uniques dans leur capacité à attirer les hommes et les femmes de manière presque égale. Ce qui est encore plus unique, c'est l'attention que suscitent certaines compétitions féminines, une attention qui élève le sport féminin à un niveau encore plus élevé. En particulier, au moins 70 % des amateurs de badminton, de gymnastique, de natation, de tennis de table, de tennis et de volley-ball s'intéressent aux compétitions féminines de ces disciplines. Le cyclisme féminin bénéficie également d'un grand attrait pendant les Jeux olympiques, même si les grands événements cyclistes mondiaux, comme le Tour de France, ont tendance à se concentrer davantage sur la compétition masculine.
Il est important de souligner l'intérêt et l'engagement pour les compétitions féminines alors que l'industrie mondiale du sport s'efforce de trouver des moyens de promouvoir une plus grande parité hommes-femmes, en particulier dans les médias. Si la vente de billets le jour de l'événement est importante, une part non négligeable des revenus générés par le sport mondial est liée aux ventes de droits qui régissent les services de diffusion ou de streaming des événements. Le temps d'antenne et la couverture médiatique sont loin d'être égaux, malgré l'intérêt croissant des téléspectateurs pour les compétitions féminines.
Par exemple, la finale de l'U.S. Open 2019 de tennis féminin a attiré une audience moyenne plus importante aux États-Unis que la finale masculine. Mais il n'y a pas que les sports traditionnels qui attirent de grandes audiences. L'année dernière, la Coupe du monde féminine Twenty20 de l'ICC 2020 a établi de nouveaux records télévisuels et numériques, devenant l'événement de cricket féminin le plus regardé de tous les temps.
Malgré la capacité à générer des audiences télévisuelles et numériques, la couverture médiatique du sport féminin reste terne. Selon une étude Nielsen Sports de 2018, le volume de la couverture médiatique des sports féminins en Europe allait de 2 % à 12 % seulement aux heures de pointe. Une analyse de Signal AI portant sur 250 000 articles de presse dans plus de 80 langues a révélé que les tournois de tennis féminins du Grand Chelem étaient 41 % moins couverts que les tournois masculins, malgré l'augmentation récente de l'audience des matchs féminins.
Toutes les ligues et organisations sportives n'ont pas reconnu l'importance du sport féminin au même titre que le Comité international olympique (CIO). L'évolution du CIO vers l'égalité des sexes en termes de nombre de compétitions a commencé il y a plusieurs dizaines d'années, avec un accent plus marqué au cours des cinq dernières décennies en particulier.
Notamment, les premiers jeux olympiques de 1896 ne comprenaient que des athlètes masculins. Lors des Jeux de 1972 à Munich, un peu plus de 20 % des compétitions étaient ouvertes aux femmes. Cette année, 46% des jeux de Tokyo sont ouverts aux femmes. La lutte gréco-romaine, à l'exception du baseball et du softball, qui s'équilibrent, est la seule discipline des Jeux de Tokyo qui n'est pas ouverte aux femmes, bien que des femmes participent à des compétitions internationales dans ce sport.
Avec des chances égales de médailles pour les hommes et les femmes aux Jeux d'été de cette année, la performance de chaque sexe sera déterminante pour le succès global de chaque équipe. En comparaison, l'impact des médailles remportées par les femmes en 1964, par exemple, avait nettement moins de poids sur le succès global d'une équipe. Les résultats des Jeux de 2016 à Rio soulignent l'influence des athlètes féminines sur les performances de l'équipe. Les contributions des femmes ont été légèrement supérieures à celles des Comités nationaux olympiques (CNO) des États-Unis et de la Chine, les deux premiers médaillés en 2016. Dans d'autres équipes, comme le Canada, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande, les femmes ont joué un rôle beaucoup plus important dans les succès de leur équipe.
À bien des égards, les changements visant à créer un environnement de compétition plus équilibré aux Jeux olympiques étaient bien en avance sur leur temps - et sur le reste du monde sportif. Après 50 ans d'efforts de la part des athlètes féminines pour obtenir plus d'opportunités, les Jeux sont la plus grande plateforme pour l'égalité des sexes dans le sport mondial, et le public est tout aussi équilibré. L'égalité dans la compétition mise à part, des progrès restent à faire dans le sport mondial pour que tous les athlètes soient traités équitablement, y compris les femmes qui allaitent et les athlètes dont la composition biologique ne correspond pas à ce que l'on pourrait considérer comme les normes traditionnelles. Les athlètes et les supporters peuvent contribuer à faire avancer les choses. En tant que plus grande vitrine du sport féminin, les Jeux olympiques sont un exemple éclatant de l'importance de la parité hommes-femmes dans le sport mondial, simplement en raison de l'appétit qu'elle suscite, tant chez les hommes que chez les femmes.
